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Vivre en pleine conscience de Cristophe André

Vivre en pleine conscience

Dans un monde où tout va toujours plus vite, où l’on est sans cesse sollicité, stimulé, le psychiatre Christophe André nous apprend, dans son livre Méditer jour après jour, à ralentir, à nous reconnecter à nous-mêmes. A vivre en pleine conscience. Entretien.

Laurence Ravier

Christophe André est psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Il pratique la méditation depuis des années. Il l’utilise aussi pour soigner, en proposant à ses patients des groupes de méditation de pleine conscience pour leur apprendre à se libérer de leurs souffrances.

Qu’est-ce que vivre en pleine conscience ?

Christophe André : C’est prendre le temps de s’arrêter de faire, pour être. Nous vivons dans un monde où nous sommes sans cesse en train de courir. Et de faire : notre travail, nos courses, les devoirs avec nos enfants, le ménage, le rangement, écrire nos mails… Un monde dans lequel nous sommes l’objet d’une très grande pression. Si nous ne prenons pas garde à nous créer des espaces protégés, privilégiés, nous allons nous transformer en machines à faire. La vie en pleine conscience, c’est tout simplement ces moments où l’on s’arrête. Où l’on prend le temps de respirer et de s’apercevoir que l’on est en vie, dans un monde passionnant. Bien sûr qu’il est important d’agir. Mais sans oublier le pourquoi. L’idée de la pleine conscience, c’est tout simplement de se rendre plus présent à sa propre vie.

Comment fait-on ?

Christophe André : C’est tout à la fois très simple et très exigeant. Le principe est d’observer une pause avant d’enchaîner sur une nouvelle action. Un médecin peut, par exemple, prendre le temps de respirer entre deux consultations, de regarder le ciel, de laisser décanter ce qu’il vient de vivre avec son patient, de donner de l’espace à ce qui existe en lui. L’idée est de donner de la place à son ressenti. Si l’on prend l’habitude de faire ces pauses très régulièrement dans la journée, insensiblement, notre rythme va changer.

A DÉCOUVRIR

A lire

Méditer jour après jour, 25 leçons pour vivre en pleine conscience de Christophe André “Méditer, ce n’est pas se couper du monde mais au contraire, se rapprocher de lui pour le comprendre, l’aimer et le changer”. Chaque chapitre de cet ouvrage vous invite à méditer à partir d’un tableau. En suivant des conseils simples, écrits sur un ton d’une grande justesse, le psychiatre Christophe André vous initie peu à peu à la méditation de pleine conscience. Et vous permet de trouver ou retrouver en vous un espace plein de promesses et de richesses. (Ed. L’Iconoclaste)

S’arrêter, c’est s’isoler, respirer, fermer les yeux ?

Christophe André : C’est vrai que l’on sait de moins en moins ne rien faire ! Souvent, quand les gens prennent une pause à leur travail, ils n’observent pas de vraies coupures : ils font juste autre chose. Envoyent un sms, passent un coup de téléphone, consultent leurs mails, se baladent sur Facebook… Ils vont donc fatiguer leur cerveau différemment. Mais surtout, ils ne sont pas en lien avec eux-mêmes. Ils sont en lien avec leur réseau social, avec leur image sociale. Mais pas avec leur personne intime. Alors comment se reconnecter ? Pour celui ou celle qui travaille dans un open space par exemple, ce n’est pas forcément facile de s’arrêter, de respirer, voire de s’allonger ! Mais il n’est pas non plus impossible de lâcher son ordinateur des yeux, de se tourner un peu, de regarder par la fenêtre et de prendre le temps de dix cycles respiratoires. Pour ressentir son souffle. Dans une salle d’attente, laissez votre téléphone où il est. Profitez de ce moment pour prendre conscience de votre respiration, de votre corps. Observez les pensées qui vous traversent l’esprit. Pareil dans les files d’attente de supermarchés : au lieu de surveiller l’avancée de la queue ou de s’agacer, pourquoi ne pas savourer ce temps qui vous est offert en essayant de l’habiter du mieux possible ?

Il faut donc apprendre à s’arrêter fréquemment dans ce que l’on est en train de faire ?

Christophe André : C’est la première étape. Une fois accoutumé à ces instants de pleine conscience, on peut aussi la pratiquer au sein même d’une activité. Lors d’une tâche un peu répétitive, comme ranger ou faire la vaisselle… Très souvent, dans ces moments, nos pensées n’accompagnent pas cette action : nous rêvons à autre chose, nous nous repassons une discussion de boulot, une dispute avec son conjoint… Pourquoi pas. Mais il est aussi bénéfique de se rendre présent à son activité. Et là, on n’est plus à s’arrêter de faire, on est dans habiter ce que l’on fait. Si je marche, je marche. Si je mange, je mange. C’est ce qu’enseignent par exemple de nombreuses écoles de bouddhisme. Et mine de rien, cela a un effet positif sur notre cerveau et notre état physiologique : récemment, des chercheurs ont installé des bipers sur les portables de plusieurs milliers de personnes. Ces bipers sonnaient plus d’une dizaine de fois par jour. A chaque fois, les personnes devaient décrire ce qu’elles étaient en train de faire et si elles étaient présentes à ce qu’elles faisaient. Et bien une corrélation entre le niveau de bien-être des gens et la qualité de présence qu’ils apportaient à leurs relations a clairement été démontrée. Comme si cette présence à nos actions, opposée à la dispersion, était un puissant facteur de bien-être intérieur.


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